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Le pavillon des fous
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2 juillet 2006

We are the... what ?

Imaginez… imaginez une soirée de début d’été (oui ça rime, et non c’était pas fait exprès !). Il fait une chaleur étouffante, même à 21h, et vous ne rêvez que de vous retrouver sur une plage déserte, les pieds dans l’eau et une petite brise tiède qui riderait la surface de la mer….

Le hic ?! Vous êtes en plein Paris, métropole bruyante et pleine de monde, il n’y pas un pet de vent, la mer est à quelques centaines de kilomètres et vous n’avez vraiment, mais vraiment pas envie d’aller vous tremper les pieds à paris-plage.

Alors pour passer le temps, vous bouquinez, vous surfez sur le net (à défaut de le faire sur les vagues) et vous essayez de garder votre décence tout en portant les vêtements les plus légers possibles.

Vous êtes en vacance en ce moment, votre père et votre sœur sont absent et vous vous retrouvez donc seul(e) à crever de chaud avec votre mère qui, débarrassée de la moitié de la famille, s’est clairement mise en mode « démissionnaire ».

Le ciel est encore très clair et le mercure n’est toujours pas retombé, ce n’est donc que lorsque vous jetez un œil à l’horloge électronique en bas à droite de votre écran que vous prenez conscience qu’il serait grand temps de dîner. Le frigo étant malheureusement plus désertique que l’antarctique privé de pingouins, vous prenez un peu d’argent et, les mains dans les poches, vous décidez d’aller chercher une ou deux pizzas, à l’Italien du coin de la rue.

La ville semble étrangement déserte pour une si belle soirée ; il n’y a presque personne dans les rues et peu de voitures, par contre, les bars et restaurants sont bondés. Ca doit être l’heure du dîner que voulez-vous….

Vous entrez chez l’Italien et vous vous installez sur un tabouret, au bar, juste en face du pizzaiolo. Vous adorez cette place, par ce que vous pouvez voir le cuisinier préparer la pâte, mettre chaque ingrédient et enfariner son plan de travail pour éviter que ça ne colle. Vous-vous sentez un peu comme un inspecteur des travaux finis, près à réagir au quart de tour s’il ne met pas assez de champignons à votre goût.

Dans la salle, personne n’a fait attention à vous, bizarrement tous les regards sont dirigés de l’autre coté de la pièce, et tous, clients comme serveurs, semblent attendre quelque chose.

Sans faire vraiment attention, vous passez votre commande : une calsone et une quatre saisons s’il vous plait ! Bah oui, une pizza par personne, c’est vrai que ça fait beaucoup mais vous et votre mère n’avez pas les même goûts.

Pendant que le cuisinier, que vous avez arraché à sa contemplation, s’occupe de votre dîner, vous en profitez pour jeter un coup d’œil à ce qui retient l’attention de tout le restaurant.

C’est une petite télé, posée bien en vue sur une étagère.

Tout le monde attend et écoute, fasciné, les commentaires de deux présentateurs qui se cherchent des noises en direct, de façon particulièrement sournoise. A coté de vous un couple d’asiatiques discutent en fixant l’écran, semblants très concernés par ce que racontent les speakers.

Un peu interloqué(e), vous reportez votre regard sur le chef qui, tout à son travail, essaie quand même de jeter un coup d’œil de temps en temps au poste ; un groupe de fillettes, occupées à jouer à la marelle dehors, s’approche pour vérifier qu’il ne s’est rien passé de grave pendant leur absence.

Vous observez quelques secondes l’écran : là, tout de suite, on voit une troupe de personnes peinturlurées qui chantent, en se tenant bras-dessus bras-dessous et en sautillant en face de la caméra. Ca vous rappelle un documentaire que vous avez vu sur les indigènes d’Indonésie, sauf que les indigènes n’étaient pas sponsorisés par Bouygues télécoms.

Quoi qu’il en soit, la scène doit avoir duré plus longtemps que vous ne le pensiez, et le cuisinier vous tend déjà deux boites de carton d’où s’échappe une bonne odeur de sauce tomate. Vous réglez et vous dites bonsoir, puis sautez de votre tabouret pour rentrer doucement chez vous.

Les rues sont toujours aussi désertes, il n’y a aucun badaud, à part un groupe de touristes Anglais qui se prennent en photo en face d’une boulangerie, ils ont l’air un peu triste mais vous ne faites pas attention.

Vous êtes presque arrivé(e) chez vous quand soudain, de façon totalement inattendue, une grande clameur déchire le silence. Là, dans la ville, partout autour de vous, tout le monde pousse des hurlements de joie : dans les bars, dans les restaurants, chez l’Italien, dans les immeubles, par les fenêtres ouvertes, tout le monde pousse des cris d’allégresse, même les petites filles qui jouaient à la marelle… tout le monde…  sauf vous peut-être, qui vous contentez de sourire, et le groupe des touristes Anglais, qui ont vraiment l’air un peu pommés.

Vous rentrez chez vous et posez les pizzas sur la table pour commencer à manger avec votre mère, en bavardant et en écoutant les rumeurs d’excitation des voisins dans la cour.

Soudain, le téléphone sonne, vous vous levez et allez décrocher.

«    -     Allô !?

-         Coucou ! C’est ton père ! Ca va bien ?

-         Oui très bien, et vous ?

-         On fait aller, un peu chaud mais ça va… Qu’est ce que je veux dire… Là on est au restau, ça t’embêterait de nous donner le score ?

-         Je sais pas vraiment je regarde pas, mais vu les hurlements, on doit mener 1 à 0 ou quelque chose comme ça.

-         Ok, merci beaucoup ! Bon, bah gros bisou à toi et à ta mère, à plus ! »

Vous raccrochez et retournez à table, ça fait rire votre mère cette conversation, « il est gonflé » qu'elle dit.

En attendant vous, vous finissez votre repas et vous débarrassez la table avant de prendre un bouquin.

Vous allez pas aller vous coucher tout de suite après tout…

Ce n’est que plus tard, quand vous aurez entendu un tonnerre d’applaudissements et de hurlements, quand la tension sera complètement retombée pour laisser place à l’allégresse, quand vous aurez entendu éclater les feux d’artifice à défaut de les voir, que des voitures seront passé à plein gaz devant chez vous en klaxonnant et qu’une rumeur de fête s’élèvera dans tout le quartier que vous irez enfin dormir, de bonne humeur.

Après tout, vous n'allez pas dire le contraire, Paris, un soir de match de coupe du monde, c’est vraiment marrant… même quand on n'aime pas le foot.

GB

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Commentaires
M
Fantastique article! bon enfin tu auras d'autre match de cette facon avec une plus grande ferveur.<br /> Donc ces moments la que tu soit foot ou pas foot tu les vis et c inoubliable.
S
Génial cet article !! Tout bonnement génial (le meilleur du blog pour le moment je trouve ^^).<br /> <br /> Moi contrairement à Liloo j'attends encore plus de victoires pour pouvoir aller fêter ça comme il se doit : toujours bon d'aller faire la fête avec des gens que l'on ne connaît pas mais avec qui, le temps d'une soirée, sont une part de nos meilleurs amis !
L
mais comment et pourquoi a t'il fallut qu'il gagne????<br /> ils aurait pas pu perdre normalement et repartir chez eux? non!!!!<br /> Perdre ne leur allait pas! <br /> je les deteste encore plus!!!!!<br /> maintenant qu'ils ont gagner on va encore ce refarcir les delires sur leur prochain match avoir le droit a des "un" sur l'equipe de france etc....<br /> voila voila
Le pavillon des fous
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